L’Ange de l’Oubli, Maja Haderlap

Ange-de-loubli-HDL’auteur est poète, cela transpire dans tout le livre. Dans la description des paysages de Carinthie, de ce peuple slovène, et même les atrocités évoquées sont recouvertes de ce voile poétique. L’histoire humaine est imbriquée fortement dans la force de la nature, qui accepte les hommes et les rejette dans « le piège de la vallée ». C’est un « roman » (en fait très proche d’une biographie) sur l’identité, le traumatisme qui enferme l’individu et lui fait rejeter les autres. L’auteur nous fait découvrir un pan laissé dans l’oubli de l’histoire autrichienne, de ces slovènes resté dans leur patrie, qui furent parmi les premiers résistants au Reich, et qui payèrent un très lourd tribu.

sophie

 

2084 La fin du monde, Boualem Sansal

sensal

 

 

 

 

Une fable d’anticipation, dit-on ? Dans la pure lignée d’Orwell, Boualem Sansal s’y entend pour nous montrer ce que pourrait devenir un monde fondé sur l’amnésie, la soumission totale à un dieu unique et ses représentants. La mort est partout, car pour que le peuple s’accroche désespérément a sa foi, il faut la guerre, des morts en nombre. Il y a culture et culture, dit l’auteur. Celle qui additionne les connaissances, et celle qui additionne les carences. Dans ce pays rêvé , la foi commence par la peur et se poursuit dans la soumission absolue. La soumission à tout. L’ignorance, la peur, la violence extrême, la mort. « La religion , c’est vraiment le remède qui tue »( p 247) Ce livre devrait faire polémique… Sophie

Les hémisphères, Mario Cuenca Sandoval

sandoval

Deux jeunes étudiants, Gabriel et Hubert, se trouvent à Ibiza. Ils viennent d’y passer des vacances où ils ont donné libre cours à leurs passions communes: les discussions sur le cinéma, les filles, l’alcool et une poudre orange, la dantéine, qu’ils consomment sans relâche. Sous son emprise, ils ont un accident de voiture qui provoque la mort d’une jeune femme. La disparition de cette inconnue au corps fascinant ? elle a des jambes interminables et ne possède pas de nombril ? va les conduire, chacun de son côté, à la poursuite d’une silhouette à peine aperçue mais néanmoins obsédante, celle qui restera à tout jamais  la Première Femme.

Près de trente ans plus tard, les anciens amis semblent retrouver La Première sous les traits de Carmen, une femme qu’ils vont tous deux aimer. Avant de la perdre, à Barcelone, de manière tragique. Tout comme Gabriel, à Paris cette fois, perdra bientôt Mériem – nouvelle incarnation de La Première. Dans une seconde partie hallucinée, la quête amoureuse tourne au road movie  avant de s’achever, de manière magistrale, au cœur d’un volcan.

Remake avoué de Sueurs Froides (Vertigo) de Hitchcock, Les Hémisphères se lisent aussi comme une descente aux enfers, relecture moderne de Dante à la poursuite d’une ombre car depuis Lacan nous savons que La Femme n’existe pas.

***

Mario Cuenca Sandoval est né à Sabadell en 1975 et réside actuellement en Andalousie, à Cordoue, où il enseigne la philosophie. Il est l’auteur de plusieurs recueils de poésie, de nouvelles et de trois romans. Il a été plusieurs fois primé. Les Hémisphères est publié aux éditions du Seuil.