Les bannis, Laurent Carpentier

bannisDans ce livre, Laurent Carpentier se raconte et dévoile ses origines .Il découvre les siens à travers plusieurs générations. Le roman de sa vie démarre de façon un peu laborieuse, chaotique avec un fait divers et on ne comprend pas bien dans les premières pages où l’auteur veut en venir d’autant que ce sujet (la famille) devient un thème littéraire très à la mode. Puis le texte se structure et on pénètre dans cette famille cosmopolite ; ils sont tous là, les figures emblématiques et tutélaires venues de partout et de nulle part, d’horizon sociaux disparates, de confessions différentes et de convictions fortes et ancrées. C’est un peuple de bannis une armée de l’ombre avec ses héros comme Jacques , le résistant fusillé par la Gestapo , Alice l’aïeule disparue dans les brumes de Sobibor mais aussi les vivants Henri , Arlette, grands-parents paternels bourgeois, médecins et communistes , Maurice le grand père volage et Fine la grand-mère paysanne centenaire qui l’a élevé sans oublier les parents Jeannot et Raymonde médecins et communistes eux aussi …..

Cette galerie de portraits donne l’occasion à l’auteur d’écrire quelques belles pages d’envolée lyrique et poétique où il s’interroge sur la métaphysique de la vie ; de la mort ; la famille corps cannibale qui vous poursuit toute votre vie durant. Cette errance généalogique lui a permis une véritable renaissance.

Cette genèse racontée comme une fiction se lit avec grand plaisir et on sera indulgent avec l’auteur pour les quelques inévitables répétitions car il s’agit de son premier roman.

Guy

 

Les amygdales, Gérard Lefort

amygdales

 

 

 

 

L’auteur propose une analyse, par le biais de chapitres autonomes sur le plan narratif, d’une famille et de ses voisins, analyse envisagée par l’oeil acéré et sans concessions du jeune fils. Ses capacités d’observation exceptionnelles liées à une imagination puissante passent au crible d’envies de révolte adolescente, à la suite, des scènes de la vie familiale, des moments d’amitié parfois ambiguë, des souvenirs d’une scolarité étrange, des rencontres marquantes. C’est un roman d’apprentissage qui peut marquer le lecteur par son écriture riche, exacte et intense, ainsi que par ses chutes de chapitres parfois faussement malsaines ou traumatisantes. Un regard désenchanté d’un jeune garçon sur sa famille et le monde.

Laurent

 

La Cache, Christophe BOLSTANKI

boltanskiCe livre raconte à travers une épopée invraisemblable une saga familiale qui s’étend sur plusieurs générations et traverse diverses périodes ; principalement la première moitié du vingtième siècle.

Il relate le parcours erratique et tumultueux des deux principaux protagonistes, à savoir les grands parents de l’auteur qui évoluent au fil du temps avec leur nombreuse tribu composée d’enfants ; de petits enfants et d’autres membres de la famille.

Lui, Etienne enfant d’émigrés russes issus de la diaspora juive d’Odessa devient un brillant professeur de médecine mais est contraint pendant l’occupation de renier son origine et de se convertir au catholicisme, de simuler son divorce et de se terrer pendant vingt mois dans une cache aménagée de l’hôtel particulier qu’occupe la famille rue de Grenelle

De cet enfermement naitra la créativité de la famille et un fils Christian –Liberté qui est devenu Le célèbre plasticien que l’on connait.

Elle, enfant reniée d’une famille nombreuse corse et catholique mais adoubée par une riche marraine bretonne, elle rencontre son futur mari sur les bancs de la faculté de Médecine mais contracte rapidement une poliomyélite infectieuse qui va paralyser ses membres inférieurs.

Dès lors toute la vie de la tribu et l’agencement de l’hôtel particulier (chaque chapitre du livre décrit une pièce de l’hôtel particulier à laquelle est dévolu un rôle précis) sera fonction de ce handicap maternel. Cela ne l’empêchera pas cette dernière de régner en maitresse absolue sur les siens pendant des lustres et de donner lieu à des scènes quotidiennes drolatiques, voire ubuesques.

L’auteur à travers quelques souvenirs de jeunesse dépeint la vie de bohèmeque mène ce clan familial et pour qui l’existence répond à des rites, des codes et à cérémonial immuables.

Dans ce livre, à l’instar du dernier ouvrage d’Anne Wiazemsky l’auteur ne juge pas les siens mais se contente de raconter, de montrer quelle fût l’attitude des uns et des autres pendant des époques charnières tourmentées et troubles

Christophe Boltanski livre dans une histoire à peine romancée les clés et les mystères des comportements humains dans des situations extrêmes.

Plus qu’un roman, ce livre se situe entre le récit (auto)biographique et l’étude sociologique ciblée, ce qui n’étonnera pas le lecteur au regard de la filiation de l’auteur.

Destinées certes exceptionnelles mais que nous avons déjà lues de nombreuses fois …

Guy