Otages intimes, Jeanne Benameur

benameurEtienne est photographe, il parcourt les zones de guerre de par le monde .Un jour, alors qu’il mémorise avec son appareil une scène d’apocalypse, il est enlevé et retenu comme otage pendant de longs mois.

Le livre commence à sa libération qu’il vit dans une relative angoisse avec ses ravisseurs, puis son retour en France où il redécouvre la liberté. Il va progressivement réapprendre les gestes simples et les sensations de la vie.

Pour recouvrer cet apaisement et se reconstruire progressivement, il va se réfugier dans son village natal auprès des siens et dans ses souvenirs de jeunesse. Il y a sa mère Irène avec laquelle la relation est tellement forte que les mots sont inutiles, Enzo son ami d’enfance, taiseux qui parle mieux avec les mains qu’avec la bouche, Joffranda , fille de nulle part qui faisait aussi partie du trio de l’enfance et qui comme Etienne a choisi de témoigner sur les turpitudes du monde. Il y a aussi Emma, son amour impossible avec laquelle il n’a pu bâtir une véritable relation en raison de ses nombreuses absences physiques mais aussi morales.

Homme de chaos, il va petit à petit retrouver la sérénité dans un univers de silence, de couleurs, d’odeurs et de sons aux antipodes des souffrances humaines qu’il a traqué pendant des années .

Jeanne Benameur aborde dans son ouvrage une thématique résolument moderne, à savoir la part d’aliénation de chacun dans sa vie , voire de compromission avec les grandes injustices et la souffrance des peuples.

L’écriture fluide et poétique frôle par moment des considérations trop générales et manichéennes pour ce retour dans le monde des vivants.

Guy

 

Notre désir est sans remède, Mathieu Larnaudie

larnaudieL’auteur a divisé son ouvrage en sept tableaux qui relatent chacun un épisode de la vie mouvementée qu’a connue la starlette hollywoodienne Frances Farmer. On la découvre début des années 30 sur les plateaux de cinéma à l’aube d’une carrière prometteuse, puis on la retrouve quelques années auparavant comme adolescente dans la banlieue de Seattle où elle remporte un prix d’écriture avec un sujet iconoclaste, enfin à New York où elle monte sur les planches pour des spectacles d’avant-garde et fréquente des intellectuels de gauche , sensibles à la propagande prosoviétique. On la suit alors en voyage à Moscou. Les chapitres suivants décrivent la lente mais inexorable descente aux enfers de celle qui était promise à une carrière de star, l’arrestation en état d’ivresse, son procès puis son internement suite à ses frasques répétées, sa longue souffrance en milieu psychiatrique avant un retour éphémère à la fin des années cinquante sur le devant de la scène télévisuelle.

Mathieu Larnaudie s’est inspiré de faits réels pour dresser une biographie romancée de cette femme qui s’est d’abord révélé comme un corps pour dénoncer la dictature de l’image qui va émerger dans cette Amérique du début du vingtième siècle. Il dresse un réquisitoire sans concession des diktats imposés par l’industrie cinématographique, des abus psychiatriques commis au nom de la science et qui vont détruire son héroïne (sans jeux de mots) avant sa résurrection hypothétique.

Le style est amoureux de l ‘esthétique, voire de l’esthétisme, la phrase est plus baroque que jamais qui contraste avec la puissance du propos. Trop peut-être ?

Guy

Monarques, Juan Hernandez Luna & Sébastien Rutes

monarquesRoman épistolaire entre Jules Doulier de Ménilmontant et Augusto Solis de Mexico autour de Lorelei, l’espionne objet d’amour d’Augusto. Sur les lettres provenant du Mexique, des « Monarques » figurent sur les timbres, ce sont des papillons mexicains. Roman d’histoire : Il est question des brigades internationales qui s’organisent pour freiner l’avance du nazisme, Le Front populaire s’est mis en place, les nazis envisagent une propagande de leur philosophie par le biais du film qui vient de sortir, Blanche Neige et les sept nains.

Roman poétique : c’est une écriture à quatre mains dont l’une décède avant la fin de l’ouvrage ; et celui qui se sent l’obligation de finir le roman parle à l’autre. Locution posthume dans « La Voix des dunes ». Beau livre.

Eloïda