D’après une histoire vraie, Delphine Le Vigan

viganOuvrage à déconseiller aux Lecteurs Lacaniens !

C’est une histoire où la réalité se mêle sans cesse à la fiction sans jamais savoir laquelle deux dépasse l’autre. Au départ l’auteur(e); écrivain en panne d’inspiration et angoissée devant la feuille blanche fait une rencontre fortuite (ou non) avec un personnage énigmatique prénommé L (elle). Peu à peu cette amitié possessive va se transformer en cauchemar, le personnage principal va subir l’emprise de son amie et sombrer dans un délire proche de la folie.

Ce livre, sorte de thriller psychologique bâti avec une trame machiavélique et articulée selon le triptyque bien huilé de la séduction/dépression/trahison se lit comme un polar en suscitant constamment la curiosité du lecteur avec une intensité dramatique qui devient au fil des pages de plus en plus oppressante.

On l’aura bien compris, le sujet véritable de cet ouvrage se décrypte en filigrane, il s’agit du dédoublement de la personnalité, qui envahit le quotidien de chacun et peut conduire dans certains cas à une véritable paranoïa. Cette amie intrusive, ange gardien qui se transforme petit à petit en persécutrice raffinée n’a bien entendu jamais existé.

Delphine Le Vigan renoue ici avec ses démons habituels qui ont fait le succès de ses précédents ouvrages, à savoir la dualité entre la fragilité des êtres et l’emprise mentale que l’on peut exercer sur eux.

Si l’écriture s’avère être une arme capable de tuer avec des mots, elle peut aussi se révéler une thérapie efficace et nous délivrer de nos tourments et obsessions intimes en explorant le plus profond de nous-même. Delphine Le Vigan en fait ici une nouvelle fois la brillante démonstration.

Ce roman inspiré de faits semble-t-il largement « autobiographiques » est écrit dans une langue , vivante , alerte, plaisante et présente de nombreuses analogies avec deux ouvrages récemment parus : L’ascendant d’Alexandre Postel et Viviane Elisabeth Fauville de Julia Deck.

Guy

 

Au pays d’Alice, Gaelle Bantegnie

aliceDans ce livre, Gaëlle Bantegnie nous raconte son expérience de la maternité, son accouchement, la naissance de sa fille Alice et les quatre premières années de sa vie mouvementée. On y découvre la difficulté d’être mère, cela ne s’apprend pas, les péripéties de l’enfantement, les premiers contacts et émois, la relation fusionnelle entre elle et sa fille les rapports possessifs , les angoisses , puis la nouvelle vie qui s’organise avec le père Antoine en arrière fond ; les craintes de mal faire , les premiers mois de l’existence où le rôle de la mère est omniprésent puis petit à petit le bébé qui grandit et acquiert une relative autonomie, les premiers pas , la découverte de l’environnement immédiat , le contact avec le monde, enfin l’enfant qui découvre l’école et affirme ses besoins d’indépendance, manifeste sa personnalité .

Cela donne à l’auteur l’occasion d’écrire quelques belles pages, drôles, caustiques, de raconter des anecdotes de la vie quotidienne, de livrer ses réflexions pertinentes et décalées sur l’arrivée d’un enfant dans sa vie et dans celle d’un couple ; les relations complexes et les perturbations que cela engendre.

On pouvait s’attendre avec le pays d’Alice à une merveille, (c’était inévitable…) toutefois le sentiment général après la lecture de ce livre est celui d’un travail inachevé. Gaelle Bantegnie nous avait habitués à mieux avec ses précédents ouvrages, notamment l’excellent France 80 qui nous avait fait découvrir et aimer cet auteur. L’écriture ici parait un peu bâclée et cela nuit à la finalité du propos, malgré quelques analyses psychologiques et pédagogiques assez fines.

Guy

 

L’Ange de l’Oubli, Maja Haderlap

Ange-de-loubli-HDL’auteur est poète, cela transpire dans tout le livre. Dans la description des paysages de Carinthie, de ce peuple slovène, et même les atrocités évoquées sont recouvertes de ce voile poétique. L’histoire humaine est imbriquée fortement dans la force de la nature, qui accepte les hommes et les rejette dans « le piège de la vallée ». C’est un « roman » (en fait très proche d’une biographie) sur l’identité, le traumatisme qui enferme l’individu et lui fait rejeter les autres. L’auteur nous fait découvrir un pan laissé dans l’oubli de l’histoire autrichienne, de ces slovènes resté dans leur patrie, qui furent parmi les premiers résistants au Reich, et qui payèrent un très lourd tribu.

sophie